Sol’Air n° 36

lundi 3 décembre 2007, par Franck Garot

Deux de mes textes figurent dans le numéro 36 de la revue Sol’Air dédié au concours 2006. Le premier, L’inconnu de Phuket qui a gagné le prix du texte court et L’armoire de grand-mère, une nouvelle qui commence ainsi :

J’entends les voitures sur l’avenue. J’entends les klaxons. J’entends les jurons aussi. Les éboueurs roulent les poubelles avant de siffler à l’adresse du conducteur. Tous ces bruits me bercent, mais il ne faudrait pas que je me rendorme. Il doit être huit heures. J’ouvre les yeux. Les volets filtrent la lumière. Chambre striée. Comme mon âme. Le réveil affiche huit heures et demie. Il faut que je me lève aujourd’hui. Encore engourdie par le sommeil, je réussis tant bien que mal à m’asseoir. Mon regard se porte sur moi, face-à-face matinal. Deux spectres se fixent. Visage ravagé : j’ai dix ans de plus ce matin. Et cette douleur qui me cotonne le cerveau.

L’armoire cache une partie du mur face au lit. Elle est composée de trois portes. La grande, centrale et entièrement recouverte d’un miroir, ouvre sur des étagères chargées de couvertures et de draps. Les deux autres cachent quelques tiroirs remplis de chaussettes et de slips, et des étagères encore, pour les pyjamas et les chemises de nuit. La partie gauche de l’armoire est réservée à Pierre tandis que j’utilise la droite. Le reste de nos vêtements se trouve dans le dressing.

Je me lève enfin. Je vacille quelques secondes. Quand le sol redevient stable, j’ouvre la fenêtre puis les volets. Le soleil inonde instantanément la pièce. Je suis aveuglée. Trois jours que je reste cloîtrée dans le noir pour calmer mes maux de tête. Ces rais de lumière sont autant de flèches qui percent mon cerveau et raniment la douleur. Je chancelle. Je parviens à me maintenir debout. Victoire. Le mal passe. Luisa viendra aujourd’hui. Lui épargner ce spectacle. M’épargner sa pitié.


Article présentant la revue Sol’Air sur Vers minuit
Revue Sol’Air n° 35 sur le site de l’éditeur

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