Bip
mercredi 12 octobre 2011, par
oui, mon amour je respire, écoute l’électrocardiogramme, bip, bip, compte-les avec moi, 1, 2, j’ai ce goût de métal dans la bouche mais ça ira, écoute te dis-je, bip, bip, oui bien sûr tu ne m’entends pas, je ne bouge que les yeux, bip, bip, compte-les pourtant, tu dois être à 20 déjà, non ?, je te vois tu sais, bip, bip, ne t’inquiète pas, je vais m’en sortir, ne pleure pas, bip, bip, 32 peut-être, ce n’est pas ta faute, c’est la mienne, bip, il ne faut pas téléphoner en conduisant, bip, bip, bip, mais le texto était de toi, il fallait que je le lise, même à 180 sur l’autoroute qui me ramenait vers toi, 45, bip, je t’avais déjà pardonné, bien sûr que je t’aime, bip, le téléphone a vibré et ta photo est apparue, bip, bip, bip, 62, je savais bien que c’était dangereux, je savais bien que je risquais l’accident, bip, bip, mais il fallait que je lise ton message, tu comprends ?, bip, alors j’ai ralenti, j’ai laissé la file de gauche aux plus pressés, bip, 87, je suis descendu à 140, bip, bip, et j’ai pris le téléphone, j’ai ouvert ton texto et j’ai vu ton « reviens », bip, j’ai eu raison de rouler moins vite, c’est pas ton message la cause de l’accident, vois-tu, bip, bip, donc c’est pas de ta faute, mon amour, bip, 104, non, c’est pas ton message, c’est la joie ensuite, bip, bip, j’ai crié dans la voiture en tapant comme un dératé sur le klaxon, 112, bip, et cette embardée, et ce camion, bip, bip, bip, 120, bip, bip, bip
bip, bip, 807, b–
Publié le 12 octobre 2011 sur les 807.