Motoki Noguchi l’auteur du traité de go Tsumego, l’art du combat au jeu de go paru chez Praxeo a accepté d’inclure ma nouvelle La vie en atari en bonus dans son livre. Merci à lui et à l’éditeur.

Pour écrire cette nouvelle, j’ai mélangé au go un peu de littérature et un personnage est directement inspiré de Jean-Philippe Toussaint.

Voici le début de La vie en atari :

Je m’assois et je ferme les yeux. Le brouhaha autour s’atténue. Lentement. Impossible de me concentrer pourtant. Je sens un regard sur ma nuque, certainement celui de Patrick, un regard en plongée venant de la mezzanine. Il a trouvé les mots justes tout à l’heure pour m’encourager. Comme toujours. Il ne restera pas longtemps, juste une partie, car on le demande dans tous les salons depuis qu’un jury littéraire lui a décerné un prix en novembre. Il voulait néanmoins me soutenir.

Lorsque j’ouvre les yeux, je découvre le jeune Martin Haas tranquillement installé sur son siège, face à moi. Il patiente en me souriant. Nous échangeons quelques mots banals et inutiles puis l’arbitre arrive. La partie peut commencer. Je sais qu’elle sera difficile. Je jouerai Noir. Je saisis la première pierre et la pose en nord-est. Je choisis de la placer au komoku. J’envisage un fuseki classique, pour éviter de prendre des risques avec un adversaire comme Haas qui ne pardonnera aucune erreur. Sans attendre, il répond avec un kakari en 5-4 ! Il n’a pas l’intention de me laisser jouer librement, et il me le signifie avec ce premier coup : il ignore les autres coins pour m’affronter immédiatement. Je suis obligé de suivre avec un tsuke, je colle ainsi ma pierre à la sienne, sur la troisième ligne. Aucune tension entre nous pour l’instant, de la concentration uniquement.